Le virus de l’avarice et la recherche effrénée des choses de ce monde

28 avril 2021

Le péché de la cupidité est le désir démesuré des biens temporels, en particulier de l’argent.

Désormais, l’utilisation des biens terrestres est permise. Nous nous souvenons que dans le livre de la Genèse, Dieu lui-même donne à l’homme la domination sur toute la création et l’envoie cultiver la terre (cf. Gn 2, 15-16).

Ces biens accordés par Dieu à l’homme, quant à eux, ont un double objectif : notre utilité personnelle et celle de nos frères, toujours orientée vers le bien.

Un vide sans précédent

Dans le livre « Virtudes : caminho de imitação de Cristo » ( Vertu : chemin d’imitation du Christ ), il est rappelé que la recherche excessive de richesses était perçue comme folle et vide dans la tradition philosophique grecque. 

Dans l’Apologie de Socrate, selon Platon, le philosophe reproche aux Athéniens leur mépris des choses importantes et leur attention à ce qui n’a aucune valeur : “comment est-il possible que vous, étant d’Athènes, la plus grande ville, célèbre pour sa sagesse et sa puissance, n’avez-vous pas honte de vous engager à saisir le maximum de richesse, de réputation et de louange, sans vous soucier de la sagesse, de la vérité et de la perfection de l’âme, en essayant de la valoriser autant que possible ? (…) Mon occupation a été d’errer dans cet endroit, de persuader petits et grands de ne pas prêter plus attention au corps et aux richesses qu’à perfectionner l’âme, car c’est ainsi que l’on s’améliore petit à petit.

Cette incompatibilité avec la communion divine soulignée par le Catéchisme nous conduit à la nécessité de prendre une décision. 

À ce sujet, le Pape François nous enseigne : Le chemin de la vie implique nécessairement un choix entre deux voies : entre l’honnêteté et la malhonnêteté, entre la fidélité et l’infidélité, entre l’égoïsme et l’altruisme, entre le bien et le mal.

Un choix nécessaire

On ne peut pas osciller entre l’un et l’autre, car ils se meuvent selon des logiques différentes et contradictoires. 

Au peuple d’Israël, qui marchait entre ces deux vérités, le prophète Élie a dit : « Vous boitez des deux pieds ! » (cf. Élie 18,21). C’est une image appropriée !

Il est important de décider quel chemin prendre et ensuite, une fois que vous avez choisi la bonne direction, de marcher avec énergie et détermination, en faisant confiance à la grâce du Seigneur et à l’abri de son Esprit.

À la fin de ce passage évangélique, le catégorique est fort : « Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres : soit il haïra l’un et aimera l’autre, soit il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. » (Lc 16, 13) (Pape François, Angélus, 18 septembre 2016). 

Pour le Saint-Père, l’invitation du Seigneur à prendre une décision pour le bien clair et radical, ainsi que la nécessité de se purifier du vice de l’avarice qui est une forme de corruption, vient qu’elle produit un mal comparable uniquement à celui causé par le vice des drogues.

Le pape François dit dans le même discours :

« Aujourd’hui, Jésus nous exhorte à faire un choix clair entre lui et l’esprit du monde, entre la logique de la corruption, de l’oppression et de l’avidité et celle de la justice, de la douceur et du partage. On se comporte avec la corruption comme avec la drogue : on pense pouvoir s’en servir et s’arrêter quand on veut. Ça commence avec très peu : un pourboire ici, un pot-de-vin là … Et entre ceci et cela, on perd lentement sa liberté. La corruption produit également des addictions et génère pauvreté, exploitation, souffrance. Et combien de victimes il y a dans le monde aujourd’hui ! Combien de victimes de cette corruption généralisée. Lorsque, au contraire, nous essayons de suivre la logique évangélique de l’intégrité, de la clarté des intentions et des comportements, de la fraternité, nous devenons des artisans de justice et ouvrons des horizons d’espérance pour l’humanité. Dans la gratuité et dans le don de nous-mêmes aux frères, nous servons le juste maître : Dieu. » (Pape François, Angélus, 18 septembre 2016).

Face à l’incompatibilité avec l’adoration d’un Dieu unique, acte dans lequel réside toute la foi du peuple de Dieu (cf. Dt 6, 4-5), et l’idolâtrie de l’argent, le Siracide déclare : 

« Nul n’est plus méchant que celui qui aime l’argent : il vendrait aussi son âme » (Si 8b).

Éliminer le mal à la racine

Cependant, dans le Nouveau Testament, Saint Paul prononce une des affirmations les plus décisives à ce sujet : « La cupidité est la racine de tous les maux » (1 Tim 6, 10). 

S’il y avait encore des doutes sur le mal que produit en nous le péché d’avarice (qui est essentiellement l’idolâtrie de l’argent), rappelez-vous simplement que, mu par elle, Judas a vendu Jésus pour trente pièces d’argent (cf. Mt 26, 14-15).

Certains péchés et vices liés à l’avarice sont la corruption, le vol, l’injustice, l’indifférence envers les pauvres et envers les autres. Il y a aussi une avarice spirituelle, qui en un mot, se produit chez les frères qui ne sont pas satisfaits des dons de Dieu.

 

Traduction : Magali Duphil

Membre de la Communauté d’Aliance Shalom

 

 

Pour Juan José Léniz Ulloa

Membre de la Communauté de Vie Shalom